Revenons quelques mois en arrière, au cœur de l'hiver. Les triathlètes se serrent sous les faibles jets des douches de la Citée de l'Eau. Le virus FBnI (Frédéric Bertrand nalf Ironman) est prêt à frapper. Sillonnant le monde, fréquentant les poules asiatiques, FB revient portant le terrible vecteur. Son frère, rapidement contaminé propage rapidement le mal aux triathlètes aux organismes épuisés par l'expédition de Narbonne.
Rapidement, une quinzaine de triathlètes sont contaminés. Peu à peu, on constate les premiers symptômes. Certains parcourent le fond de la piscine, d'autres montrent une étrange flexion du poignet. La plupart sont atteints d'un roulis irrépressible. Parfois le régime alimentaire est affecté : les corps s'amaigrissent atrocement. Damien est méconnaissable, les enfants se détournent devant son allure spectrale. Seule à résister à transformation, Coco s'étonne de voir toutes ces filles « sèches » qui l'entourent.
Le virus particulièrement retors n'épuise pas tout de suite sa victime. Au contraire, les triathlètes sont affectés d'une boulimie d'activité. On les voit skier la nuit, courir à côté de leur vélo, se marier, rouler en Ardêche, chevaucher des home-trainer, acheter des vélos à 12.000€, passer le BF5, s'étirer et même faire du step... Cet entrain finit par contaminer les plus résistants. Le printemps pourri finit de déliter les organismes : la crise est imminente.
Elle se déclenchera le 25 mai. Le groupe est rapidement transporté à Barcelone pour subir un traitement de choc par des spécialistes ibériques. Des bénévoles accompagnent les triathlètes au risque de contracter le virus. L'aspect rougeoyant de certaines laissent d'ailleurs présager une issue fatale.
Les malades sont convoqués dans un cinéma de la ville pour un briefing dans leur langue natale. Il en ressort principalement que toute infraction sera réprimée par une rétention de 5 minutes dans une « penalty boxe » où il ne sera pas possible de se restaurer ni de se reposer ; on fait des pompes ?
La transition s'effectuera dans une tente où sont rangés les sacs pour chaque activité. Une fois équipé, on prend son vélo dans le parc. Un bénévole vous tend un tube de... crème solaire que d'aucuns tenteront d'avaler en guise de ravitaillement !
Le parcours cycliste est fermé à la circulation automobile : 20 km de route de deux à quatre voies, sans un virage, en bord de mer ! Malheureusement, ce n'est pas suffisant pour absorber la masse des triathlètes qui s'agglomèrent en petits pelotons. Résultat : 37,8° sur les 90km de vélo. La fièvre va augmenter sur le parcours à pied qui consiste en deux allers et retours de 5 kilomètres le long de la voie ferrée. C'est tout droit, en léger faux-plat, poussiéreux, presque aussi bucolique qu'Echirolles. Pour tout le monde, il s'agit de retarder le moment du «grippage».
Les ravitaillements placés tous les 2,5 kilomètres permettent de se donner un objectif immédiat et de se relancer. En définitive, tout le monde termine plus ou moins bien. 21 kilomètres en course à pied, cela reste toujours bien difficile !
Sportivement le bilan est plutôt satisfaisant avec notre nouveau champion du monde Loïc et la troisième place de Murielle. Les féminines confirment les progrès constatés à l'entraînement. (Sylvie doit vite se relancer pour ne pas rester sur la mauvaise impression que laisse des coups pris dans l'eau). Globalement, tout le monde était prêt même si Cyrille devra à l'avenir se méfier du surentraînement.
Est-on pour autant vacciné du triathlon longue distance ? J'ai bien peur que non ! Quelques heures seulement après l'arrivée, il était question de 70.3 et de voyages ou plus exactement de voyages et de 70.3.
Le triathlon serait-il devenu un prétexte pour déplacer la troupe au soleil ? Et pourquoi pas ?