Par un matin frais et brumeux nous partîmes à 12 et nous fûmes prompt à revenir par une soirée pluvieuse à 9 … Que c'est-il passé entre ces deux instants ? Vous êtes impatients de le découvrir ? Qu'est-il advenu de ces vaillants triathlètes partis affronter la houle, des caps que dis-je des caps … des péninsules, dans les frimas automnales ? Qui a disparu en route ? Et pourquoi ? … Toutes les réponses à vos impétueuses questions dans le présent récit. Rendez-vous à 6h30 Maison des Sports. J'arrive accompagné de Miss Coco (pas trop bel œil ce matin là !) à 6h32. Personne. Ils sont cachés ? Non Trompé de jour ? Non Oublié un changement d'heure ? Ben non plus Le RDV est au Stade ? Que neni Ils sont tous au troquet devant un bon p'tit noir ? Possible mais pas davantage Une vieille blague du Cyrilou ? Probable, très probable même mais non. Phénomène curieux et pour le moins inhabituel comme ne manquerons pas de le souligner mes acolytes, je suis en avance d'1/4 d'heure. Obéissant aux recommandations de Raynald Le Sage je me suis pointé à 6h30 alors que j'avais moi-même suggéré un rencart à 6h45 … Si c'est pas du dévouement corps et âme …. Bref on avance pas A cet instant du récit, je ne prends pas ce signe du destin comme un mauvais œil. Mais j'aurais du dès lors me remémorer ce vieux dicton : « Fab en avance au rencart, embrouille dans le placard ».
Bon on se fait des bises, on rigole ( c'est un week-end comique), on charge, on se refait des bises, et on se barre, direction la mare. Voyage paisible. Raynald Le Vaillant conduit avec classe et volupté. Les filles parlent et ont envie de pisser. Les garçons se taisent et aimeraient dormir en attendant un café. La condition humaine résumée en un voyage en minibus.
11h37, Vincent s'agite ; Il vient d'apercevoir la mer. 11H39, 28ème péage. 11H46 entrée à la Seyne sur Mer. 11H53 parcage du camion devant l'hôtel Kyriad Prestige qui comme son nom l'indique est prestigieux. On se check (style ça fait mec qu'à l'habitude de voyager …). Et direct on se dirige vers notre habituel resto pour déguster un couscous. Cyrille, pourtant dénué de tout sens de l'orientation, transcendé par une faim gargantuesque, nous escorte sans la moindre erreur jusque devant l'estaminet. FERMEE. Toujours aussi incrédule et naïf, je n'assimile toujours pas cet aléas comme un nouveau signe du mauvais œil. Rassurez-vous, on finit quand même par trouver un resto digne de nos panses. Pasta, tiramisu, pinard du coin, on reste dans les règles de la diététique sportive …
Répartition des chambres. 6 piaules de 2. Je suis avec Nathalie. Pour la première fois en 20 ans de déplacement triathlétique je ne me retrouve pas avec un porculus qui ronfle et qui pète … Ben non je vois toujours pas venir le mauvais œil.
J'entame alors ma sacro-sainte sieste. Nathalie a oublié je sais pas quoi dans la chambre. Elle me réveille. Je la frappe. Non ... c'est une fille. Mon père m'a toujours appris qu'une bonne baffe vaut bien des explications sauf quand c'est une fille. En plus elle fait ça avec le sourire comme d'hab...
Retrait des dossards. Bernard, fidèle à lui-même, fait tout pour que l'organisation se souvienne bien qu'on est venu ! Personne n'a oublié sa licence. Ben alors...
Le vent souffle. Normal il est là pour ça. La mer est déchaînée. Si demain c'est la même, je me gave au p'tit dèj pour avoir tout le temps quelque chose à vomir.
Reconnaissance du parcours vélo. Cette année pas de travaux. La route est presque pas trop défoncée. La montée vers Notre Dame du Mai est toujours aussi chouette et les rafales de vent toujours aussi chiantes. On s'arrête observer la baie, voler un planeur, les embruns fouettent nos visages émerveillés, au loin une mouette rieuse rit, c'est beau la vie...
Retour à l'hôtel, douche et on se remet en quête d'un bon gastos avec couscous au menu (c'est un week-end gastronomique!). On va tout de même pas rester sur un échec. C'est pas le genre de la maison. On cherche. On trouve à deux pas de l'hôtel sur les recommandations d'une suédoise. (Une suédoise qui nous indique ou becqueter un couscous sur la côte d'azur avouez que c'est cocasse). Couscous, glace, Bandol rouge, on navigue toujours bien dans les clous de la diététique sportive. Coco (œil noir dans ces circonstances) fait un infarctus très intériorisé. (Pensée de Coco en cet instant : « Saint Denis Richet, pardonne-leur leur pêcher de chair car ils ne savent pas, ils s'égarent sur les chemins de la nutrition mais ce sont de pauvres pêcheurs qui ne connaissent pas ta parole, je ferais ma mission de les remettre sur le droit chemin. Ce sera long et difficile, ce sera ma croix ... »). T'es sûr que tu veux pas de dessert Coco ? …
Retour à l'hôtel, le ventre arrondit. Demain ça va faire des étincelles. C'est pas loin, on va pouvoir se coucher en pleine digestion, nickel. Dernière question de logistique. P'tit dèj ou pas p'tit dèj, vu l'heure avancé du départ. On est en démocratie. Chacun fera comme bon lui semble.
Nathalie n'a pas trop sommeil, moi j'ai un peu de mal à digérer alors on cause. De triathlon, d'entraînements hivernaux, d'art contemporains, de poésie du XVIII ème, de points de croix, là-dessus on finit par s'endormir.
6h15, réveil brutal. Première pensée positive : « Quel est le con qui a eu l'idée de nous inscrire ici ? …. bref moment de réflexion … le con c'est moi, je me rendors un instant. » 6h22, deuxième réveil brutal. Deuxième pensée positive : « Ca va être fantasmagorique de se jeter dans la mer dès potron-minet !!! » Nathalie est agitée par les mêmes pensées que moi, sauf que le con est à portée de main … Je me lève donc sans plus attendre pour filer au p'tit dèj. Raynald le Pieux et Cyrille le Goinfre ont déjà attaquer le pâté de sanglier et le fromage de tête. Lucile a ouvert une étale de viennoiserie sur sa table. Bernard et Fred son épouse déjeune religieusement. J'ai pas vraiment faim mais par solidarité je les accompagne. Il me semble qu'il y a un peu de vent et je voudrais pas vomir le ventre vide. Les autres adoptent la sagesse et décident une entorse à notre régime ...
Les sacs sont prêts, tenues de combat et on file récupérer nos bicyclettes. Mon pneu avant est à plat. Je répare, je change de roue ? …. Non je regonfle. Une mavic à l'avant et une corima à l'arrière, ça le fait pas ! L'incrédulité poussée à ce niveau là ça s'appelle de la connerie. On enfourche nos destriers et direction le parc à vélo, dans la pénombre. « Les cafés sont dans les tasses, les cafés nettoient leur glace, il est 7h, La Seyne s'éveille …Il est 7h et je n'ai plus sommeil (J.DUTRONC) ». Le parc est petit mais sympa. On est serré, c'est douillet on se sent chez soi. Préparatifs habituels. Jusque là tout va bien. Fred D nous masse délicatement la nuque avec de la vaseline (on est open dans cet assoc ), parce que le sel ça pique. Direction la plaja. Briefing pour le moins confus, le parcours natation forme une aile de papillon !!! Ils ont une drôle de gueule les papillons dans le sud de la France. Le mec qui a conçu ce parcours a une dent contre la natation en eau vive. Il doit s'emmerder ferme dans la vie. Il doit vivre encore avec sa mère décédée dans la casba . Lorsqu'il était petit elle devait le déshabiller à n'importe quelle moment de la journée pour lui faire prendre des bains d'eau glacée et salée avec les yeux bandées. Un arbitre tente de nous expliquer le chemin à suivre. Sans porte-voie, personne ne comprend, c'est pas grave il dit que des âneries. On a à peu près compris. De toute façon, comme d'hab on suit le pingouin qui nous précède en priant Poséidon qu'il ne nous emmène pas à Marrakech.
Coup de sifflet. Plongeon. C'est froid! L'eau de mer, c'est bien connu nettoie les sinus. Première vague, je vérifie. C'est vrai. L'eau de mer, c'est bien connu bu en quantité même négligeable, après un café noir, ça fout la gerbe. Deuxième vague, je vérifie. C'est vrai aussi. Je me retiens un peu, ça finit par passer comme le reste. La natation se déroule bien, j'ai la tête bien alignée (enfin je crois), les appuis sont efficaces, taratata j'avance... 24mn sortie de l'eau, 27ème place ouahhhh. Efficace le couscous. Vincent me précède, les autres suivent à une encablure. Tudo bene.
Transition express (j'aime à le croire). Et c'est parti pour la portion cycliste. Un long plat en bord de mer, vent léger mais de face, des concurrents me doublent, les effrontés. Le doute m'assaille. Pourquoi je n'arrive pas à les suivre ? pourquoi je ne peux pas mettre un plus gros braquet ? pourquoi je ne suis pas Fabian Cancellara ? pourquoi je suis là ? Pourquoi j'ai choisi de faire du triathlon et pas du badminton ? Arrête de penser et roule putain … A l'abri du vent, les corps se
réchauffent, les ronds points s'enchaînent, des concurrents sont
repris, bientôt la bosse arrive enfin … Elle fait mal aux pattes
mais j'aime bien. Je joue du sram red mais pas encore comme un
virtuose. Raynald le Dévoué immortalise les passages du bord de la
route et balance au passage un encouragement qui fait plaisir. Je
croise Vincent qui est à la bagarre avec les costauds. La bave au
coin des lèvres, il a la gueule de celui qui veut en découdre. La
veille au soir, il nous a fait un petit caca nerveux. Il le sentait
pas, il allait bâché. Pauv'bichon. Là, il a plutôt le faciès du
doberman.
Demi-tour au sommet du cap (que dis-je un cap … j'lai déjà faite celle-la) et descente vertigineuse. Coucou à Fred D, l'oeil déterminé, le coup de pédale fluide et ravageur dans peu de temps je sentirais son souffle dans les mollets. Suit Pierre, le regard rêveur, on dirait qu'il se ballade, il est comme ça Pierre, c'est un doux rêveur, on dirait que son âme s'élève proportionnellement au dénivelé. Le jour où on nage en grimpette c'est sûr , il gagne avec cet air candide qui lui va si bien … Puis viens Cyrille, il a la banane, le casque n'est pas en position auto-reverse, il ne semble pas avoir faim, il ne semble pas avoir mal. La dernière fois que je l'ai vu dans ces dispositions, c'était à Nice en 1998 ! Juste derrière, Bernard, la moustache frétillante il a les yeux du vilain Goupil qui s'apprête à se jeter sur sa proie. Un peu plus loin, j'aperçois Lucile, elle se marre. Bon c'est vrai que c'est sympa mais de là à se bidonner, j' vois pas. En tout cas son sourire jure un peu au milieu de toutes ces gueules de travers, mais ça fait du bien. Puis viens Coco, encore moins bel œil que la veille !. Elle a sa doudoune du club, difficile de la rater. Une fine tranche de lard ne serait-elle pas moins lourde à porter qu'un duffol-coat à l'effigie du Léman Tri ? Saint Denis a peut être la réponse. En attendant, elle semble avoir débuter son chemin de croix. Nathalie les suit, je ne sais pas si c'est la natation en mer, le parcours vélo ou le réveil matinal mais elle a perdu son sourire et c'est bien la première fois. Mais dite-moi, où qu'il est El Présidente ? Il n'a pas digéré le couscous ? Le Natureman lui a laissé de douloureux souvenirs ? Je l'ai simplement raté. Pourtant son style heurté couché sur le cintre passe difficilement inaperçu. J'aurai une chance au second tour. Nouveau demi-tour en bas, puis 1 ou 2 kms pour se remettre sur la grosse et c'est reparti pour un deuxième cap, que dis-je un cap, etc... Je croise tout le monde quasiment au même endroit durant cette deuxième boucle. Personne n'a baissé le pied, le tempo est bon. Au demi-tour à Notre Dame, mon vélo se dérobe quelque peu de l'avant. L'air marin m'aurait-il enivré ? Ai-je pris le virage trop vite tel Pantani dans l'Alpe d'Huez ? Ben non Dugenou, t'es dégonflé de l'avant ! Bah qué n'en a à foutre, j'suis un warrior wech, c'est pas une baisse de pression dans le boyau qui va me faire bâcher. J'enquille la descente. Je manque m'encastrer dans un concurrent qui roule à gauche. Ca fait marrer Raynald Le Débonnaire ! Il est bizarre parfois notre trésorier. Premier virage, je déborde sec, deuxième virage je serre les dents, troisième virage je serre les fesses, quatrième virage je serre les freins sévères, le specialized n'en fait qu'à sa tronche et file tout droit, je décale, ça fait des étincelles, Notre Dame du Mai prier pour moi, le boyau commence à sortir de la jante, je vais mourir sur les planches comme Jean Baptiste Poclain (pas celui des tracto-pelles celui du Malade imaginaire). Finalement je m'arrête. Il reste une dizaine de kilomètres. J'ai un boyau de rechange mais pas de pompe !!! (ouais je sais ça m'apprendra à charrier Damien). Quoique je fais, je bâche, je remonte voir Raynald le Providentiel pour encourager les copains et les copines. Eh merde, j'ai pas fait tout ce chemin, ingurgiter autant de sucre lent pour abandonner, que diable … Je me remets en route en espérant un miracle de Notre Dame du Mai. Je descends tout doucement, une lueur d'espoir me guide, j'ai vu que Fred D avait une bombe sur son vélo. Fred D passe, à fond. Je l'appelle, je hurle, je lui jette des pierres, je le poursuis tel le coyote coursant bip-bip, avec le même résultat : choux blanc. Pierre et son putain d'air rêveur passe sans me calculer. Ah c'est beau l'innocence. Fred A, ben toujours pas de trace, il a sans doute décidé de préparer Embrun et il a poursuivit une autre route. Cyrille ! Il me voit ! Il m'entend ? Il me sourit ! Et il continue !!!! Le con. Bernard, il m'a à peine vu, il a Cyrille en point de mire,je peux presque pas lui en vouloir. Cette expérience m'inspire alors une conclusion scientifique : le triathlète du léman tri, auquel on prend soin d'accoler un dossard et placer dans une situation de stress type compétition devient sourd et malvoyant. Cela n'est, fort heureusement pour moi, valable que pour le mâle. La femelle, elle, garde tous ces sens en éveil. Elle sourit, vous prête une pompe, vous adresse deux, trois mots gentils. Tout juste si elle ne vous embrasse pas sur la bouche. Merci Lucile …. je regonfle comme je peux et je repars, le mors aux dents. Chaque rond-point m'apporte son lot de frayeur vu que sous- gonflé même une Corima, ça se pilote assez mal. Un trou du cul me colle aux bask et m'exhorte de préserver ma droite dans les virages. Je lui rétorque dans un hurlement que je fais ce que je peux mais mon pneu avant a comme un défaut. Il me répond que je ne suis pas fair-play. Il est con et je lui fais remarquer. Il n'apprécie guère. Je me dis alors que c'est le dernier de la saison, que j'ai bien de la chance d'être là, que la météo est idéal pour un tri, alors je profite et croyez moi ou pas mais c'est bon. Descente, bout de plage, ligne d'arrivée, carton avec tous les temps (c'est génial) accolades des potos, ravito, on se tient tous en un gros ¼ d'heure. On refait la course comme à chaque fois. On va encourager les filles qui arrivent en tir groupé. Nathalie a fait une belle course à pied, Coco (l'oeil carrément noir) en finit, elle dit en avoir trop chier mais au fond je sais qu'elle aime bien quand même, Lucile nous offre une dernière frasque sur la plage, faut toujours qu'elle fasse sa malinoise !
Voilà, ensuite douche à l'hôtel (c'est vraiment sympa de leur part). Sublimissime bière au bar de l'hôtel puis on charge les minibus. Bernard et son épouse sont venus en camping car et vont prolonger le séjour dans le sud. Où ?, ils ne le savent pas. Ils sont comme ça les Dubourg : des aventuriers des temps modernes. On n'est plus que 10 (12-2=10). On mange où ? (ben ouais c'est quand même important on n'a rien avalé depuis ce matin!). Fred propose un moule-frites vu qu'on est quand même au bord de la mer, là où habitent les moules et des fois les frites. Certains tortillent du cul, ils ont pas trop faim. Faut d'abord poser Coco à la gare de Toulon. Elle devait aller aux Issandres avant de rejoindre Marseille pour une visite pour son genou. Finalement elle rejoins ses parents à Cannes pour ensuite filer sur Marseille et retourner à Cannes. Vous n'avez pas tout compris. C'est pas grave nous non plus. 10 – 1 = 9, on n'est plus que neuf.
Finalement trop tard pour les moules-frites, on se vengera lamentablement sur un cheese burger crâmé et des frites surgelés dans un resto d'autoroute. On a failli avoir tout juste question gastronomie. Raynald le Vaillant conduit avec classe et volupté, les filles parlent et finissent par s'endormir, les garçons digèrent et finissent par s'endormir. Il pleut sur la route et dans nos âmes meurtris (pffff)
Je m'étais promis de ne plus rien glander après cette compèt, mais un peu frustré, j'ai encore envie d'en découdre. Tant pis il faudra attendre Echirolles !
Cap Sicié, c'était la dernière. L'an prochain on cloture au Natureman du Verdon. Fred A a joué les éclaireurs et il a trouvé un bon hôtel restaurant tout prêt du départ. Finis donc, le lever de soleil sur la rade de Toulon de la fenêtre de ma chambre Kyriad Prestige. Allez, j'ai beaucoup de mal à tenir mes promesses et je suis pas comme ces foutues boyaux, je suis pas un dégonflé !
Merci à tous, c'était un beau week-end. Fab
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